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CHRONIQUES

08/05/11 

JUCIFER

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ALBUM: THRONED IN BLOOD

Pas besoin d'introduction pour rentrer dans l'univers destructeur de Jucifer. La machine se met brusquement en route dès la première chanson, éponyme, déployant sur son étalage alternatif des atouts aussi attirants que la voix violente et sexy d'Amber Valentine ou encore la combinaison de riffs hardcore et de passages Doom sortis tout droit d'une crypte déserte. Et le manège repart comme un train fantôme dans une fête foraine abandonnée au milieu du Sahara. Ça suinte, ça transpire méchamment. Deux conducteurs pour le vaisseau Jucifer. Deux conducteurs seulement pour une attraction plus qu'efficace, transcendante. Il y a dans cet album du sang mais sans tripes, une sauvagerie savante, de la folie sans camisole. Jucifer n'est pas un groupe de Doom, ni de Sludge, ni de Hardcore, ni même de Metal. Jucifer brouille les pistes de larsens en distorsions pour que le voyage soit encore plus poisseux et sans retour possible. Une batterie martiale redémarre l'engin dans « Work will make us free », ça commence à secouer dans les tournants et d'un coup, c'est vitesse maximale, les gencives qui s'écartent sous l'effet de l'air fouettant violemment nos visages. Freinage. Mais pas d'arrêt. L'arrêt, c'est pour plus tard. Des larves gluantes en décomposition tombent autour de nous durant une longue montée. Au paroxysme de l'expérience, on retient notre souffle. Et la chute suivante fut brève. Pas question de descente, à l'horizon l'impression que le monde est fade une fois le train spectral à l'arrêt. Une pièce dans l'appareil, on repart pour un tour. Du bon gros sludge à la Electric Wizard. Des gros amplis au son si délicieusement crade qu'on se le poinçonnerait sur le lobe jusqu'à ce que nos tympans explosent. Salle suivante (« Disciples of an expanding sun »), on se retrouve dans un temple pyramidal  pour une ambiance sectaire. Des êtres humains sans figure implorent une entité solaire comme nous implorons la montée maléfique de ne jamais s'arrêter. Et d'un coup, on se retrouve à « Hiroshima », le cerveau noyé d'uranium pour une lente envolée radioactive aux infrabasses rugissantes. Un hymne malsain qui donne envie de se baigner dans les eaux contaminées de la belle Fukushima. Pas de strass, ni de paillettes, juste de l'électricité pure, du métal tranchant et des visions d'oasis. De plus en plus lent, de plus en plus massif, pesant, une tonne, deux tonnes, trois tonnes, quatre, cinq, six, dix, vingt, cent, mille. La guillotine tombe. « Rifles ». Le thème de la guerre est exploré de fond en comble par le duo américain, sans platitude aucune, sans clichés. Un dernier coup de guitare, un parasite au loin et la voix d'Amber s'éclaircit, on pense quelques secondes à Björk. Et doucement, mais surement, le train repart. C'est parti pour un dernier tour ? « Good provider », grosse claque hardcore de 59 secondes ne nous laisse pas le choix. Un bref titre rapidement suivi du magistral « Spoils to the conqueror », 7 minutes et demie qu'on ne voit pas passer, neurones flottant dans une ivresse sonore hors de l'espace/temps. Une apocalypse acoustique vient clôturer ce trône sanglant sur lesquels on a siégé avec curiosité, jusqu'à y rester scotché, bras et pieds liés, cerveau pris en otage par une vague de décibels. Le train s'arrête, tout le monde descend. Il est temps de reprendre la route, silencieusement, chacun sa route. Acouphène. Au loin, l'horizon nous attend. Pas d'espoir pour les hommes morts.

Myspace de Jucifer.

Jucifer sera en concert dans notre région le 14 mai. Ils seront en début d'après midi au Durbuy Rock Festival, avant le Rider's Park de Messancy le soir!

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Post? par Quentin