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CHRONIQUES COCOON 
ALBUM: WHERE THE OCEANS END Rappel de l'épisode précédent : « My friends all died in a plane crash », buzz mérité de 2007, 12 chansons efficaces, hivernales et printanières à la fois, simultanément sombres et naïves. Succès commercial et critique. Après avoir rencontré pandas, chouettes, et autres faunes sympathiques, le duo Français a appris à grandir. Après la mort de leurs amis, et de leur innocence médiatique, ils décidèrent à leur tour de prendre l'avion. Synopsis : L'avion de Mark et Morgane, une fois encore, se crache sur une île déserte. Que vont-ils y trouver ? Et nous, qu'allons nous trouver, là où les océans s'arrêtent, trois ans après leur premier délicieux album ? Eux, ils ont trouvé une carte, style carte au trésor dans les livres de Stevenson. Et ils se mettent à la recherche d'une mystérieuse baleine millénaire nommée Yum Yum (litt. : Miam Miam : on s'en régale d'avance), réputée pour avaler les malheurs de gens et recracher du bonheur. Verdict : Il s'avère que le concept naïf et niais de ce nouvel album cache en fait quelque chose de bien plus obscur. Le malaise est créé par la succession d'allégories douces et féériques et d'images plus sombres (In the morning, I'll go down the graveyard to make sure you're gone for good / Poney riding, sushi cooking…). Les paroles sont toujours trempées de la même eau : des textes mystérieux, incohérents à la première lecture, mais à la symbolique parfois profonde, parfois légère. Toujours sémantique. La poésie n'est toutefois jamais absente, et les thèmes comme la mort ou la mélancolie sont observés à travers des yeux d'enfants, les rendant moins inquiétants, même si inévitables. Cocoon a le mérite de ne pas s'être reposé sur ses lauriers et de ne pas être retombé dans les mêmes clichés polaroïds que le premier album. Ce qu'on y perd ? L'immédiateté des mélodies. Aucune ne reste en tête après la première écoute, certaines chansons semblent même un peu plates. L'ukulélé, instrument en grande vogue il y a trois ans, est abandonné. Ce qu'on y gagne ? Plus d'authenticité. Et plus de profondeur aussi. Là où « My friends all died… » se dégustait en une seule gorgée comme un zeste de fraicheur dans la scène folk française, le second opus est un vin qui a prit le temps de murir et qui a acquis un goût moins instantané, mais plus riche quand on prend le temps de le humer. Les arrangements sont bien dosés, surlignant les principales montées émotionnelles sans surcharger la chose, quelques cuivres viennent même apporter, en douceur, leurs couleurs sur quelques morceaux. Mention spéciale pour « In my boat », titre qui prouve que Morgane a du potentiel et ne doit pas rester effacée derrière l'omniprésence de Mark et se contenter bêtement des deuxièmes voix. Elle vaut bien plus que ça. Elle souffle ici son texte avec une grande subtilité, à fleur de peau. Et cette histoire de baleine ? Yum yum n'apparait que très peu dans l'album, sa présence ne se résumant presque entièrement qu'au titre éponyme (I want the rain to fall over you, all the time…). C'est ce qu'on pourrait croire aux premiers abords. Néanmoins, la baleine, ou plutôt ce qu'elle représente, hante l'album de la première seconde à la dernière, d'accords en accords, de la première strophe, à l'ultime. L'île déserte, c'est le vide autour de nous, le pied qui dérape sur le pont, la chute incontournable et la mer autour, infinie, et ses requins qui nous tournent autour et arrachent nos membres fragiles. Il n'y a pas de carte, pas de trésor, pas de baleine. Et c'est ce qu'exprime la mélancolie des textes de Cocoon. La quête est vaine. Alors, Mark et Morgane ont inventé Yum Yum, dans leur monde à eux, comme un ami imaginaire qui aide à mieux supporter les problèmes du quotidien, une bouée de sauvetage qui mange tous nos problèmes et recrache des postillons de rêve… et de bonheur. Ils seront le 13 mai au Cirque Royal à Bruxelles, à l'occasion de Nuits Botanique, plus d'infos ici.
Post? par Quentin |
